Alors ça y est, pour nous sauver du virus, le Gouvernement a une idĂ©e trĂšs intelligente : nous demander de tĂ©lĂ©charger sur notre tĂ©lĂ©phone (s’il est compatible), l’application STOPCOVID.
Qu’est-elle censĂ©e faire ?
C’est une application qui permet, via le tĂ©lĂ©phone, Ă toute personne d’indiquer qu’elle a Ă©tĂ© contaminĂ©e par le virus et qui permet donc Ă toutes les personnes qui sont passĂ©es prĂšs d’elle, et qui ont Ă©galement tĂ©lĂ©chargĂ© l’application sur leur tĂ©lĂ©phone, de savoir qu’elles ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© Ă©galement contaminĂ©es (par vous) et peuvent donc agir en consĂ©quence…
Le tĂ©lĂ©phone n’envoie rien de personnel, juste des identifiants calculĂ©s de maniĂšre alĂ©atoire qui ne sont conservĂ©s par les tĂ©lĂ©phones que 15 jours, via le bluetooth, dans un rayon allant d’une dizaine Ă quelques centaines de mĂštres autour de vous. A chaque tĂ©lĂ©phone qui est a proximitĂ© et qui a Ă©galement l’application, votre tĂ©lĂ©phone envoie ces identifiants. Il rĂ©cupĂšre Ă©galement ceux de ces tĂ©lĂ©phones aussi. Les identifiants envoyĂ©s par votre tĂ©lĂ©phone sont ensuite envoyĂ©s, ou « dĂ©clarĂ©s », Ă un serveur par votre tĂ©lĂ©phone quand vous dĂ©clarez que vous avez Ă©tĂ© contaminĂ©.e. Ce « serveur » centralise les dĂ©clarations de contamination. Par ailleurs, toute personne qui a l’application sur son tĂ©lĂ©phone peut, via son tĂ©lĂ©phone, demander Ă ce « serveur » si l’un de ces identifiants reçus par son tĂ©lĂ©phone a dĂ©clarĂ© une contamination. C’est de cette maniĂšre que vous pouvez savoir si vous avez peut-ĂȘtre Ă©tĂ© contaminĂ©.e.
Pour l’instant, cette application n’est pas encore au point. Olivier VERAN, ministre de la SantĂ©, ainsi que Monsieur O, secrĂ©taire d’Ă©tat au numĂ©rique, ont dĂ©clarĂ© qu’il s’agissait pour eux d’un dĂ©fi pour que ce soit prĂȘt pour le 11 mai (date du dĂ©confinement gĂ©nĂ©ral oĂč l’application est supposĂ©e ĂȘtre utile).
Qu’en pensons nous chez Solidaires informatique ? Bien Ă©videmment, nous pensons que cette application est inutile, voire dangereuse si elle est utilisĂ©e Ă mauvais escient. C’est un peu comme l’invention de M. Nobel, la dynamite. Pas un instant cet homme n’avait imaginĂ© que des hommes puissent l’utiliser pour autre chose que pour creuser des trous pour faciliter le travail dans les mines Ă ciel ouvert. Il savait que son invention Ă©tait dangereuse, mais il n’avait pas imaginĂ© qu’on en ferait des armes !
Ici, cette application peut ĂȘtre dĂ©tournĂ©e de son but premier : voir ICI. Elle peut aussi tout simplement, parce que vous pensez que c’est sans danger, que vous avez toutes les garanties nĂ©cessaires pour l’installer, banaliser tout bĂȘtement la surveillance 24/7/365 de vos dĂ©placements, de vos rencontres : voir ICI. Et surtout, cette application est dĂ©veloppĂ©e par des entreprises qui ne sont pas forcĂ©ment les plus performantes, les plus sĂ»res (SOPRA, Orange, Accenture, SIA Partners… au moins 2 des entreprises qui sont Ă la tĂȘte du syndicat des patrons des ESN et SSII : SYNTEC) : voir ICI.
Alors notre position est simple : ne tĂ©lĂ©chargez pas cette application. Non contents de fracasser le code du travail, d’appauvrir les futures retraites, le Gouvernement veut maintenant s’en prendre Ă nos libertĂ©s, dont celle de nous dĂ©placer, de rencontrer des personnes de notre choix, de ne partager nos informations strictement confidentielles qu’avec les personnes de notre choix. Vous masquez la camĂ©ra de votre portable ? Vous refusez le dossier mĂ©dical partagĂ© ? Vous ne laissez ni Google, ni Apple, ni Microsoft, ni Amazon, ni Facebook, ni… personne suivre vos traces numĂ©riques, alors ne laissez pas le Gouvernement entrer dedans.
Et si… ? Elle devient obligatoire ?
La CNIL a Ă©tĂ© interrogĂ©e par le Gouvernement quant Ă cette application. Et la CNIL est fine et ne s’en laisse pas conter… Elle Ă©crit notamment dans sa rĂ©ponse que l’usage de l’application doit ĂȘtre totalement volontaire : « Lâutilisation dâune application sur la base du volontariat ne devrait pas conditionner ni la possibilitĂ© de se dĂ©placer, dans le cadre de la levĂ©e du confinement, ni lâaccĂšs Ă certains services, tels que par exemple les transports en commun. » Comme quoi, mĂȘme la CNIL se mĂ©fie… alors un conseil, vous aussi !
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