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GAME AWARDS - Les jeux vidéos, mais sans leurs devs
Il y a quelques jours se tenaient les Game Awards, une cérémonie en grande pompe qui vise à récompenser les « meilleurs » jeux vidéos de l’année. Cet habituel évènement promotionnel, nouveau substitut à l’E3, a une fois encore exclu les employé-es qui sont à l’origine des mêmes jeux.
- Une large partie des Awards ont été annoncés depuis une petite scène en retrait, sans faire monter les gagnant-es. Il ne faudrait pas mettre en avant les personnes qui font les « meilleurs » jeux.
- Pour celles et ceux qui ont pu monter sur scène, les développeur-euses avaient seulement 30 secondes pour s’exprimer. L’un des développeurs a ainsi été coupé pendant un hommage à un membre de son équipe décédé.
- En comparaison, une marionnette de type Muppet Show a été interviewée pendant deux minutes sans interruption.
- La cérémonie a offert une belle promotion pour un jeu dont le studio, Game Science, a fait l’objet d’un article dénonçant le climat sexiste de l’entreprise. Les victimes de l’entreprise n’auront pas un mot.
- Plus de 6 000 licenciements ont eu lieu cette année dans l’industrie. Là encore: silence sur le sujet.
- Le jeu Destiny 2 a été récompensé pour le « meilleur support communautaire ». Peu de temps avant la cérémonie, Bungie – studio développeur – procédait au licenciement d’une large partie de l’équipe des Community Managers qui auraient dû être célébré-es ce soir-là.
- Le nettoyage ethnique pratiqué par l’état Israëlien dans la bande de Gaza passe également à la trappe, malgré une lettre ouverte qui demandait de l’évoquer. Cette lettre a été signée par plus de 2900 développeur⋅euses de jeux vidéo, comprenant la moitié des Game Awards Future Class (l’initiative diversity/inclusion des Games Awards).
Les Games Awards s’inscrivent dans les habituelles dynamiques de ce type d’évènements patronaux : promotion des produits, des marques et des entreprises ; redorer le blason de personnalités ou d’entreprises toxiques ; invisibilisation et silenciation des travailleurs⋅euses ; etc.
L’animateur et producteur Geoff Keighley a choisi la confortable position de passe-plat patronal de l’industrie.
Peut être aime-t’il les jeux vidéo ? Il n’a pourtant montré que mépris pour les développeur⋅euses.
Profitons donc de cette occasion avec costumes et paillettes pour rappeler ces vérités très simples consciencieusement occultées :
- Les jeux vidéo sont fabriqués par des équipes entières, pas par leurs patrons qui montent sur scène
- Ces travailleur⋅euses du jeu vidéo sont soumis aux mêmes aléas, pressions et logiques de subordination que dans n’importe quelle entreprise de n’importe quelle industrie
- L’amélioration de leurs conditions de travail passe par les mêmes solutions : désinvisibilisation, entraide collective et rapport de force avec le patronat
GAME AWARDS - VIDEO GAMES, but without their devs
A few days ago, the Game Awards were held, a pompous ceremony designed to reward the « best » video games of the year. This usual promotional event, a new substitute for E3, once again excluded the employees behind the same games.
- A large proportion of the awards were announced from a small stage in the background, without bringing up the winners. Spotlights shouldn’t be put on the people who make the « best » games.
- For those who were able to go on stage, the developers were given only 30 seconds to speak. One developer was cut off during a tribute to a deceased team member.
By comparison, a Muppet Show puppet was interviewed for two minutes without interruption. - The ceremony offered a nice promotion for a game whose studio, Game Science, was the subject of an article denouncing the company’s sexist climate. The company’s victims will not get a word.
- Over 6,000 redundancies in industry this year. Here again: silence on the topic.
- Destiny 2 was awarded « Best Community Support ». Shortly before the ceremony, Bungie – the developer studio – fired a large part of the team of Community Managers who should have been celebrated that evening.
- The ethnic cleansing practised by the Israeli state in the Gaza Strip was also overlooked, despite an open letter calling for it to be raised. The letter was signed by over 2900 video game developers, including half of the Game Awards Future Class (the Games Awards’ diversity/inclusion initiative).
The Games Awards fits into the usual dynamics of these kinds of corporate events: promoting products, brands and companies; rebranding toxic personalities or companies; invisibilizing and silencing workers, etc.
Host and producer Geoff Keighley has chosen the comfortable position of the industry’s employer’s henchman. Perhaps he likes video games?Yet he has shown nothing but contempt for the video games workers.
So let’s take this opportunity with costumes and sequins to recall these very simple truths conscientiously obscured:
- Video games are made by entire teams, not by their bosses on stage.
- Video games workers are subject to the same pressures and logics of subordination as in any company in any industry.
- Improving their working conditions requires the same solutions: de-invisibilization, collective self-help and power relations with management.
UNIONIZE NOW