Pas de FN / RN dans nos syndicats
Il y a quelques jours, un adhérent a été radié du syndicat pour avoir appelé à voter RN. A cette occasion, il nous semble important de réaffirmer le combat antifascistes de Solidaires (et Solidaires Informatique) à travers un ensemble de points :
Le Rassemblement National est-il un parti comme les autres ?
Non. Le RN est la continuité du Front National, un parti fondé par d’anciens Waffen-SS, collaborateurs de Vichy, membres de l’OAS, etc. Ses cadres tiennent régulièrement des propos racistes, sexistes, homophobes, transphobes etc. Même la Cour de Cassation estime qu’il n’est pas injurieux de dire que Marine Lepen est « fasciste ».
S’il est important de souligner que la société française (et consécutivement, ses partis politiques) est traversée par des biais racistes, le RN a une position très spécifique et extrémiste. Ce n’est pas un parti comme les autres, et les manœuvres de « dédiabolisation » sont un mur de fumée qui fait partie de sa stratégie de communication et de développement. Toute banalisation du RN et des perspectives fascistes constitue un soutien à ceux-ci.
L’extrême droite est-elle moins pire que le gouvernement Macron ?
Le patronat et la bourgeoisie dans son ensemble, qui forment les principaux soutiens du gouvernement Macron, ont un appétit certain pour la répression policière, l’exclusion, la régression sociale.
Il n’en demeure pas moins que sur cette pente là, un gouvernement d’extrême droite irait plus vite, plus loin et plus brutalement, et à tous les niveaux (violences policières, exclusions des réfugié-es, droits des personnes LGBTI, dissolutions des organisations de solidarité comme la Ligue des Droits de l’Homme ou des syndicats, etc.)
On n’a jamais essayé l’extrême droite ?
Si. L’extrême droite était au pouvoir en France dans les années 40, avec les résultats que l’on connait.
Plus proche de nous, plusieurs villes françaises ont basculé à l’extrême droite depuis les années 90, laissant un paysage local désert au niveau social et associatif.
L’extrême droite a déjà pratiqué en France ; nos craintes ne sont pas irrationnelles.
Au pouvoir, le RN serait incapable de diriger ?
Si. Le gouvernement actuel a montré qu’il peut dérouler son programme en se passant de l’Assemblée Nationale, des corps intermédiaires, qu’il peut dissoudre des organisations, lancer des interdictions illégales, etc. Un gouvernement d’extrême droite fera de même, et probablement plus vite et plus fortement.
Quand bien même il ne passerait pas de nouvelles lois, il saurait s’appuyer sur le seul corps executif pour mener sa politique haineuse, en nommant des préfets aux ordres, en passant des décrets, en coupant les subventions des associations qui lui déplaisent, en nommant des fascistes à la tête de grandes institutions, et en peuplant leurs équipes de leurs militants, en se construisant un arrière-pays théorique, économique, social, et institutionnel lui permettant de se construire une durabilité même après une alternance politique, en couvrant et poussant les violences policières, etc.
Plusieurs constitutionnalistes nous ont alertés sur la possibilité qu’aurait le RN de faire un coup d’État constitutionnel notamment via voie référendaire (article 89). Et ce avec l’aide de ses propres constitutionnalistes, le tout facilité par les coups de canif à l’État de droit des gouvernements précédents.
La radicalisation de la bourgeoisie qui loue régulièrement le « républicanisme » du RN pour mieux cracher sur le camp social et la gauche institutionnelle, doit nous inquiéter. Ils trouveront des allié·e·s pour gouverner dans les rangs de la droite.
L’extrême droite, ce n’est pas que la haine !
Si. Son pilier idéologique, c’est l’exclusion et la mise au pas. Toutes les notions auquel un parti comme le RN se prévaut ne servent que ces objectifs. L’extrême droite prétend parfois avoir un programme social ; l’histoire montre qu’il n’est jamais appliqué, ou alors, aux dépens des personnes marginalisées. L’extrême droite se prévaut parfois d’un programme écologique ; là encore, il s’agit de décider quelle population sera opprimée/détruite pour la sauvegarde de l’environnement.
L’extrême droite est l’ennemie des personnes racisées, des personnes LGBTI, des personnes handicapées, etc. et, s’il fallait le rappeler, aussi des syndicalistes.
Est-ce qu’on n’en fait pas trop ?
Non. L’extrême droite est une idéologie mortifère.
Il y a presque 10 ans, notre camarade Clément Méric mourrait sous les coups d’un néo-nazi. En mars 2022, c’est le rugbyman Aramburú qui était abbatu par un fasciste notoire. Quelques semaines plus tard, un antisémite/complotiste assassinait un passant d’une balle dans le crâne.
Sans parler de meurtres, des agressions de la part de groupuscules fascistes ont lieu toutes les semaines ces dernières années. Il y a tout juste quelques semaines, un attentat d’extrême droite incendiait la maison du maire de Saint Brévin.
La menace est là, et elle doit être combattue.
Le RN est visé dans ce message, mais les mêmes mots pourraient s’appliquer aux autres partis/personnalités d’extrême droite : Reconquête (Eric Zemmour), Debout la France (Nicolas Dupont-Aignan), l’UPR (François Asselineau), les Patriotes (François Philippot), etc. La diversité des noms ne changent rien à leur proximité idéologique.
Parce que l’extrême droite est contre nos valeurs et nos positions syndicales, parce qu’elle cherche notre destruction, parce qu’elle s’attaque précisément aux personnes envers qui nous tissons nos solidarités, nous réaffirmons que le combat antifasciste est aussi un combat syndicaliste de tous les instants. Nous devons détruire cette idéologie, c’est une question de survie.
Pour une société inclusive, ouverte et écologique,
pas un centimètre carré à l’extrême droite