Qu'est-ce qu'il se passe chez KALANK?
le studio des anciens de l’ENJMIN
Nous avons lancé il y a quelques semaines un appel à témoignages concernant le management au sein du studio KALANK.
Pour contexte, KALANK est un studio de jeu-vidéo fondé en 2017 par 2 étudiants du master de l’ENJMIN, option management à l’occasion de leur stage de fin d’études. Dès sa création, le studio a été incubé dans l’école via un programme (All4Games) qui consiste à « apporter aux étudiant·es un soutien matériel […], un soutien de conseil ». Il est précisé que l’ENJMIN a « poussé l’accompagnement plus loin encore grâce notamment à l’intervention de nos enseignant·es qui viennent conseiller nos incubés ».
Les témoignages reçus attestent de conditions de travail particulièrement dégradées, avec en vrac et de manière non exhaustive :
- Un recours massif et abusif aux stagiaires et apprenti·es (qui arrivent souvent directement de l’ENJMIN)
- Leurs conditions d’accueil dignes d’une caricature ultralibérale sur le stage comme salariat déguisé : projets en autonomie et sans référents, pas de tuteur qualifié, nécessité d’amener son propre matériel, des obligations de rendement et de production avec deadlines serrées, des stagiaires présenté·es comme employé·es confirmé·es auprès des clients de la boîte (sur une plaquette à destination de clients, la photo d’un stagiaire a été retouchée pour le faire paraître plus vieux…) etc.
- Un management toxique conjugant changements de directions fréquents, absence de directions concrètes et critiques acerbes, allant même jusqu’à pousser des stagiaires et apprenti·es aux larmes à la suite d’entretiens individuels. Plusieurs alternant·es nous ont rapporté avoir été menacés de redoublement durant ces mêmes entretiens, à moins de « montrer leur motivation » (travailler plus, rapporter du travail à la maison, reporter des congés, etc).
- Une absence de plannings de production et une charge de travail irrégulière, qui force fréquemment les membres de l’équipe à travailler dans l’urgence au moyen d’heures supplémentaires non payées.
- De fréquents retards de salaires malgré relances (dans les premières années de l’entreprise), des paiements aux freelances chroniquement délayés et des salaires d’alternantꞏes non régularisés.
- Une situation ubuesque où les locaux sont inondés et les patrons somment leur équipe de venir chercher leur matériel sur place : nous avons reçus des photos de personnes transportant des PCs avec de l’eau jusqu’aux hanches.
Nous déplorons que sur une période de 4 ans, au moins 8 personnes se soient vu prescrire un arrêt de travail pour surmenage/burnout.
Au delà de ces conditions de travail, nous sommes aussi alerté·es par le lien étroit entre l’ENJMIN et le studio qui vient empirer la situation :
- Vers qui peuvent se tourner les élèves, quand leur tutorat de stage est assuré par des personnes qui officient en tant qu’enseignant et/ou jury de fin d’année dans leur formation ?
- Comment l’école peut elle justifier moralement de continuer à signer des conventions de stage et d’alternance entre ses élèves et l’entreprise en nous annonçant que « l’intégration de certains élèves reste visiblement difficile » ?
- Selon l’administration de l’ENJMIN, est-ce que la rupture prématurée de contrats d’alternance, dans un cas suite à l’anniversaire des 26 ans de l’apprenti (impliquant une revalorisation automatique du salaire), dans un autre suite à un arrêt maladie de longue durée, relèvent également d’une « intégration difficile » ?
Au vu de ce constat, nous nous demandons en substance ;
- La philosophie de management des deux cofondateurs de Kalank est-elle représentative des cours dispensés à l’école ?
- Le business plan de l’entreprise, qui se repose en grande partie sur du salariat déguisé, est-il représentatif des conseils et de l’encadrement dispensé par le programme All4Games ?