Evil Empire aux prud'hommes pour discrimination
Le 22 Septembre se tenait le procès opposant l’entreprise Evil Empire, studio connu pour le dĂ©veloppement de contenus additionnels pour Dead Cells, Ă un ex-employĂ©, qui poursuit le studio de jeux vidĂ©o en justice pour rupture de pĂ©riode d’essai abusive et discriminatoire basĂ©e sur le handicap.
L’employĂ© est recrutĂ© en Janvier 2021. Trois semaines plus tard, la sociĂ©tĂ© rompt sa pĂ©riode d’essai, prĂ©textant des difficultĂ©s liĂ©es au tĂ©lĂ©travail ; une condition pourtant Ă©voquĂ©e et nĂ©gociĂ©e dès le recrutement, et rendue nĂ©cessaire par l’Ă©tat de santĂ© de l’employĂ©. Nous sommes ici loin de sujets de compĂ©tences professionnelles, censĂ©es ĂŞtre l’unique critère retenu pour valider ou non une pĂ©riode d’essai.
Au cours du procès, l’entreprise tente plusieurs dĂ©fenses :
– Evil Empire : « Je suis obligĂ© de parler de sa corpulence »
L’entreprise, par la voix de son avocate, insiste pour expliquer que le tĂ©lĂ©travail serait inĂ©vitable non Ă cause d’une maladie physique mais d’un surpoids ; comme s’il Ă©tait prĂ©fĂ©rable pour l’entreprise d’ĂŞtre grossophobe que validiste.
– La rupture de pĂ©riode d’essai n’est pas spĂ©cifique Ă cette affaire
L’entreprise tient Ă montrer que la rupture en elle mĂŞme ne saurait ĂŞtre une mesure discriminatoire, vu que plusieurs autres employé·es de la sociĂ©tĂ© ont Ă©galement perdu leur emploi de cette manière. Evil Empire expose alors un nombre de ruptures de pĂ©riode d’essai assez incroyable : malgrĂ© la petite taille de l’entreprise (moins de 20 salarié·es dĂ©claré·es en 2020), le chiffre est similaire Ă celui d’entreprises de plusieurs centaines d’employé·es.
– La remise en question des attestations mĂ©dicales
S’il est habituel que les entreprises mettent en cause les tĂ©moignages produits par les salarié·es, il est plus rare qu’une entreprise questionne la lĂ©gitimitĂ© des certificats mĂ©dicaux. C’est pourtant bien ce que la sociĂ©tĂ© Evil Empire a fait, allant mĂŞme jusqu’Ă comparer l’attestation Ă©mise par la psychologue de l’employĂ© aux « fausses accusations d’attouchements d’enfants par les mères ».
Solidaires Informatique apportera tout son soutien aux salarié·e·s victimes de racisme, sexisme, transphobie, validisme, grossophobie et/ou de toute forme de discrimination et d’exploitation patronale.
Le jugement sera rendu en janvier 2024 ; un trait sera alors tiré sur la possible ironie du nom du studio.
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Face aux discriminations patronales
RIPOSTE SYNDICALE
Droit de réponse d'Evil Empire
En date du 28 septembre 2023, le syndicat Solidaires Informatique a diffusé un communiqué sur son site internet et sur ses réseaux sociaux. Celui-ci portait sur le contenu de la plaidoirie que notre conseil a soutenu dans un procès aux Prud’hommes nous opposant à un ancien employé.
Cet article renvoie une image d’Evil Empire qui ne reflète ni la réalité, ni les valeurs qui sont les nôtres. Ces extraits choisis soigneusement et sortis de leur contexte nous sont fortement préjudiciables, particulièrement à la lumière des commentaires subjectifs y étant assortis. Nous nous opposons
fermement aux conclusions qui en sont tirées, bien éloignées des réalités du dossier. Il est par ailleurs regrettable que Solidaires Informatique n’ait pas cherché à nous contacter.
Le demandeur, connu personnellement par notre CEO Steve, a été recruté parmi 87 autres candidatures en toute connaissance de cause. Que ce soit son statut de travailleur handicapé ou bien son besoin de télétravail qui en découlait, ces deux points étaient connus et entendus de notre côté
et n’ont jamais été problématiques, comme l’attestent certaines des pièces de notre dossier.
Ce qui a posé difficulté, en revanche, étaient les compétences de cet ex-employé, loin de ce que son CV nous laissait entendre. Des problèmes de communication se sont rapidement manifestés, un manque d’autonomie dans son travail et des problèmes d’acceptation des retours lui étant faits : ce sont là les seules et uniques raisons nous ayant poussé à mettre fin à sa période d’essai. Ces éléments figurent également dans les pièces de notre dossier.
En ce qui concerne le nombre de rupture de période d’essai au sein de notre société, sur l’intégralité de nos 4 ans et demi d’existence et les 93 employés ayant travaillé avec nous, notre taux de fin de période d’essai est de 7.5%, ce qui est bien loin des affirmations avancées par le syndicat. A comparer avec les 17% de notre secteur d’activité (à l’appui des chiffres fournis par le gouvernement en 2019, source : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/des-fins-de-periode-dessai-plus-repandues-dans-le-tertiaire-des-departs-en-retraite).
S’agissant du certificat médical dont il est question dans le communiqué, notre conseil l’a en effet critiqué au motif qu’il comporte, selon son analyse, des irrégularités qui permettent d’en contester la validité. De fait, il arrive fréquemment que des certificats médicaux soient rejetés par les tribunaux, souvent dans des affaires familiales. C’est en ce sens uniquement que notre conseil s’est permis de faire la comparaison qui est évoquée dans le communiqué de Solidaires Informatique, pour illustrer ses propos et donner du poids à sa plaidoirie.
Nous rĂ©affirmons que nous rejetons fermement l’image dĂ©peinte par Solidaires Informatique, tout comme nous rejetons tout acte validiste, grossophobe, raciste, sexiste, transphobe et toute autre forme de discrimination quelle qu’elle soit. Nous invitons donc les lecteurs Ă faire preuve de recul et de discernement dans le cadre d’une procĂ©dure en cours.