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Flicage des sans-emplois

par Solidaires Informatique
4 minutes de lecture

Flicage des sans-emplois, mais ça va pas ?!

Dans la nuit du 11 au 12 juillet, le SĂ©nat examinait le projet de loi Plein Emploi. A cette occasion, la majoritĂ© sĂ©natoriale a rĂ©introduit la proposition du candidat Macron conditionnant le RSA Ă  15h d’activitĂ© par semaine. Cette mesure concernera toutes les personnes sans emploi signataires d’un contrat d’engagement, comme les bĂ©nĂ©ficiaires de l’Allocation de SolidaritĂ© SpĂ©cifique ou les chĂ´meur-euses longue durĂ©e.
 
Avec cette mesure, la majoritĂ© sĂ©natoriale embrasse une vision libĂ©rale et inique selon laquelle les privĂ©-es d’emplois bĂ©nĂ©ficiaires du RSA feraient le choix volontaire de la prĂ©caritĂ©, et ne seraient pas les victimes collatĂ©rales du marchĂ© de l’emploi. C’est l’individualisation des dĂ©sordres provoquĂ©s par le capitalisme. Une individualisation qui va Ă©craser les plus prĂ©caires d’entre nous.
 
Ce texte prĂ©voit une charge de travail consĂ©quente en accompagnement, sans toutefois prĂ©voir de financements pour les moyens humains et techniques. On peut dès maintenant prĂ©voir Ă  la fois les conditions de travail dĂ©gradĂ©es dans ces structures accompagnantes, les consĂ©quences de ce dĂ©sinvestissement sur les personnes prĂ©caires surveillĂ©es par ces dispositifs, et un Ă©chec prĂ©visible de l’objectif annoncĂ© de la rĂ©forme (retour vers l’emploi).
 
Le texte maintient un flou volontaire sur le contenu de ces 15h d’activitĂ©s. Ateliers de formation ou Travail dĂ©guisĂ© ? Une chose est sĂ»re cependant, elles conditionnent le versement du RSA. Enfin, ces 15h d’activitĂ©s relèveront du bĂ©nĂ©volat et ne seront donc pas rĂ©munĂ©rĂ©es. Au-delĂ  de l’atteinte Ă  la dignitĂ© des plus prĂ©caires, ce choix risque aussi mettre en tension les mĂ©tiers qui se retrouveront en concurrence directe avec une main d’Ĺ“uvre gratuite.
 
 

Une mesure qui desservira le jeu vidéo

Le milieu du Jeu Vidéo ne sera pas épargné par ce dispositif :
  • Beaucoup de nos collègues salariĂ©-es ont des carrières en dents de scies, alternant pĂ©riodes de crunch et pĂ©riodes de chĂ´mage. Leur recherche d’emploi sera rĂ©duite de 15h par semaine.
  • Parmi les indĂ©pendant-es, nombre d’entre elleux sont dans une situation de prĂ©caritĂ© similaire, enchaĂ®nant des missions freelance avec peu de visibilitĂ©. Leur recherche de contrat sera rĂ©duite de 15h par semaine.
  • Les pĂ©riodes sans emploi sont dĂ©jĂ  utilisĂ©es par nombre d’entre nous pour faire du travail non rĂ©munĂ©rĂ© nĂ©cessaire Ă  nos carrières, que ce soit :
    • Pour construire un rĂ©seau professionnel stable (en participant comme bĂ©nĂ©vole sur des salons professionnels, tenant des confĂ©rences, en aidant comme accordant du temps sur des jeux : gestion de serveurs, tests de prototypes, etc.)
    • Pour Ă©toffer son portfolio (veille technologique, rĂ©alisations de prototypes, etc.)
  • Les activitĂ©s annexes faites en pĂ©riode sans emploi sont lĂ©gions
    • Game jams, streams
    • Participation Ă  des concours, challenges, projets personnels

Nos vies valent plus que leurs profits

Ce dispositif est un naufrage, couplant honte idĂ©ologique, prĂ©carisation intensive des prĂ©caires ; c’est un non sens logistique et un Ă©chec annoncĂ©.

  • Notre valeur n’est pas conditionnĂ©e Ă  notre serviabilitĂ© en entreprise, les activitĂ©s non rĂ©munĂ©rĂ©es sont un pilier de notre sociĂ©tĂ© : art, engagement associatif ou syndical, garde d’enfants, formations, et bien d’autres.
  • Au delĂ  de sa soumission Ă  l’idĂ©ologie libĂ©rale, cette dĂ©marche est validiste : certaines personnes ne peuvent PAS travailler, et alors ? C’est notre devoir en tant que sociĂ©tĂ© de protĂ©ger toute personne. Nous n’oublions pas non plus que le vieux poncif selon lequel « le travail donne de la dignitĂ© Ă  l’homme » est basĂ© sur l’invisibilisation du travail gratuit – exĂ©cutĂ© notamment par les femmes dans la sphère domestique – et des personnes considĂ©rĂ©es, nĂ©es ou devenues incapables de travailler : personnes handi*, personnes agĂ©es, enfants, Ă©tranger-ère-s privĂ©-e-s de droit au travail.
  • Le RSA est in fine la forme actuelle du complĂ©ment de revenu auparavant garanti par l’existence de biens communaux, partagĂ©s et accessibles Ă  toustes. Il devrait reprĂ©senter notre choix collectif de garantir au minimum la survie de chacun-e, quelles que soient les circonstances de leur vie, et non l’imposition – comme le voudrait cet amendement – d’un choix entre la soumission ou la faim.
  • Les accidents du travail, les maladies professionnelles, les conditions dĂ©gradĂ©es de travail projettent des salariĂ©-es dans la prĂ©caritĂ©. Celleux-lĂ  seront doublement frappĂ©-es par le système capitaliste.

Cette loi sera examinée à l’automne par l’Assemblée Nationale.
Nous exigeons dès maintenant l’abrogation de cet amendement ainsi que de toute mesure visant à fliquer et infantiliser les gens.

Les recruteurs galèrent à recruter ?
Qu’ils payent mieux
et offrent des conditions de travail dignes !

Flicage des sans-emplois, mais ça va pas ?!

Communiqué
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